2015 : Laos - Village de Huay Bo

Pourquoi cette école :

Tour du monde 2011 … Laos, 13 avril 2011 … lors d’un trek d’une journée avec une amie espagnole avec qui je voyage depuis quelques jours, nous nous arrêtons dans le petit village de Huay Bo et passons un bon moment avec Keo, un laotien habitant ce village. Keo est le seul habitant de ce village à parler l’anglais ! Il a ouvert une mini guesthouse proposant une ’’chambre’’ pour 50 cts suisse la nuit (46 cts d’Euro) … mais plus que rudimentaire … et prépare également des petits plats laotiens dans son minuscule restaurant. En repartant de ce village, je vais regarder l’école et vois à quel point cette école aurait besoin de grosses rénovations …

Montant à disposition :

Grâce à la vente de mes photos lors de mon exposition en 2012, à la vente de mes différents calendriers et aux différents dons reçus, je pars pour ce dernier projet au Laos avec le solde de l’argent récolté, soit 3'200 US$ (2'950 Euro), somme considérable pour le Laos où le salaire moyen est de 100 à 150 US$ par mois !

Les préparatifs pour ce projet :

Ce dernier projet diffère grandement des deux premiers. En effet acheter du matériel scolaire sur place et l’apporter dans une école n’est pas très compliqué. Par contre vouloir rénover ou transformer une école n’est pas chose très courante dans un pays communiste où la corruption doit être assez présente. De ce fait, j’avais eu l’idée depuis de début de mes projets, en 2013, d’essayer de trouver un contact dans chaque pays afin de voir qu’elles étaient mes possibilités pour réaliser tous mes projets mais plus particulièrement pour réaliser ce dernier rêve ! Depuis le milieu de l’année 2014, soit 1 année et demie avant de venir ici au Laos, j’avais essayé de reprendre contact avec certaines personnes dans ce pays. Lors de mon premier passage à Luang Prabang en 2011, ville proche de Huay Bo, j’avais eu la chance de rencontrer un jeune laotien qui venait de terminer sa ’’formation’’ de 4 ou 5 ans dans un monastère et de passer 2 jours avec lui. Nous nous étions échangés nos adresses mails et Facebook mais, 4 ans plus tard, tous mes messages et courriels sont restés malheureusement sans réponses ...

En automne 2014, lors d'une soirée de projection d’un film sur le Laos, dans les hauts de Neuchâtel, j’avais eu l’opportunité de parler de mon projet avec le réalisateur du film présenté. Il m’avait donné l’adresse mail d’un de ses amis habitant également Luang Probant au Laos et je m’étais empressé de lui envoyer un mail, lui présentant mon projet … malheureusement sa réponse fut négative car son âge avancé et son état de santé ne lui permettait pas de m’aider ! 2ème déception … mais il m’en fallait plus pour stopper mon projet !

Lors de mon voyage en Birmanie au mois de décembre 2014, j’avais fait connaissance d’Elisabeth et de Werner, deux retraités suisse-allemands voyageant sac au dos qui, depuis quelques mois découvraient l’Asie. Avant de venir en Birmanie, ce couple avait voyagé au Laos et avait fait une halte de quelques jours dans le village de Muang Ngoi, petit village accessible uniquement en bateau, village depuis lequel on accède à Huay Bo, le village où se trouve l’école. Durant une discussion avec Elisabeth de mon projet d’aide à une école au Laos, elle me demanda deux petites minutes … le temps pour elle de remonter dans sa chambre et d’aller chercher la carte de visite de la guesthouse de Muang Ngoi où ils avaient séjourné … en me disant : le propriétaire de cette guesthouse, est un suédois, Gabriel, marié à une laotienne. Ils ont 4 enfants et ils ont ouvert une guesthouse. Je suis sûr que Gabriel pourra t’aider dans tes démarches ! Ce nouveau contact me redonnait de l’espoir de trouver une personne pouvant m’aider sur place !

Ce que je recherchais comme aide ? Uniquement de prendre contact avec les habitants du village de Huay Bo et avec le professeur de l’école. De leurs demander comment je pouvais les aider dans ma démarche et quels étaient leurs besoins. Était-il possible de transformer une école sans contraintes administratives et sans devoir corrompre quelqu’un ! De plus, sachant que ce village était loin de tout, je pensais qu’il aurait très certainement fallut transporter du matériel scolaire ou du matériel de construction depuis une plus grande ville avant d’arriver dans ce petit village d’environ 209 habitants regroupés dans 44 familles.

Mon idée d’aide, en revoyant la photo de l’école de 2011, était de réaliser une dalle en béton pour remplacer la terre battue et de créer 4 nouveaux murs en bois ou en béton et peut être un nouveau toit, le tout dans le style de construction laotien. Après des dizaines d’emails envoyés à Gabriel, depuis plusieurs adresses différentes  ... et comme pour les autres contacts que j’avais eus précédemment, malheureusement aucune réponse à mes nombreux courriels … Je savais que cette adresse mail était valable, par contre je savais aussi que le village de Muang Ngoi n’avait pas d’électricité en 2011. Est-ce que l’électricité n’était disponible que durant certaines heures et que les emails n’étaient pas une priorité pour la population locale ? Malgré tout, j’ai quand même gardé espoir et me suis dit que je pourrais me rendre directement sur place et voir ce qu’il serait possible de réaliser … ce que j’ai fait ! La seule ''crainte'' que j'avais était que quelqu'un d'autre que moi ne soit déjà venu ici pour réaliser de tels travaux ...

Mes retrouvailles avec l'école de Huay Bo :

Après quelques jours dans ma ville préférée au Laos, Luang Prabang, ville paisible où les moines sont omni présents, départ en mini bus pour parcourir les 200 km, 3 heures de ’’route’’ jonchée de nid-de poules. Arrivée au village de Nong Khiaw, petite ville située au bord de la rivière Nam Ou, embarquement sur un long bateau motorisé à fond plat pour 2 heures de navigation en remontant la rivière … 30 à 40 personnes entassés comme des sardines avec tous les bagages, les nombreuses commissions des indigènes sans oublier les caisses de Laobier, la bière locale !

Je retrouve le magnifique et pittoresque village de Muang Ngoi, avec son artère principale à l’identique, chemin non goudronné d’environ 400 mètres de long, les guesthouses, restaurants et petites échoppes de chaque côtés. J’avais réservé ma guesthouse depuis Luang Prabang auprès de l’établissement de Gabriel ...

Durant la soirée, je discute avec Gabriel au sujet de mes mails, qu’il n’a jamais reçu, et de mon projet d’aide à l’école de Huay Bo et m'informe qu’il peut sans autre m’aider ! Par contre, il me dit bien de ne pas parler du montant d'argent que j’ai à ma disposition (3'200 US$) ! Gabriel m’est d’une aide précieuse car il construit également, en ce moment, sa nouvelle maison à Muang Ngoi et de ce fait il connait tous les prix des matériaux de construction ! Il m’informe également que tout le matériel peut être acheté, ici dans le village. Pas besoin de le faire venir depuis une grande ville. Une petite échoppe spécialisée dans les travaux de construction à tout le matériel nécessaire ! Enfin de très bonnes nouvelles.

Muang Ngoi aujourd'hui

Ce qui m’étonne aujourd’hui à Muang Ngoi c’est que la nuit venue, les lampes dans le village se sont allumées et aucun bruit de groupe électrogène n’est perceptible ! Depuis maintenant 2 ans, le village a été raccordé au réseau électrique laotien grâce aux 6 barrages construits dans la région par des entreprises chinoises. En 2011, lors ma première venue dans ce village, les soirées se résumaient en superbes discussions, lors de différents regroupements de ’’tourdumondistes’’ et autres voyageurs de part et d'autre dans les ’’bars’’ autour de nombreuses bougies (les génératrices ne fonctionnaient que entre 18h00 et 20h00) … ce qui aujourd’hui ne se fait malheureusement plus ! Tout le monde est accroché sur son portable ou sa tablette relié à internet via une connexion wifi … un autre style de communication !

En fin de journée, Gabriel m’informe que Mister Keo (Keo est le seul habitant du village du Huay Bo, où se trouve l'école, à parler l’anglais) était justement à Muang Ngoi cette après-midi et que Gabriel lui a parlé de moi, comme quoi je voulais venir le lendemain dans son village avec l’intention d’aider leur école.

Lundi 7 décembre 2015, départ à pied pour 1h45 de marche à destination du village de Huay Bo. Pour y arriver il faut traverser 3 petits ruisseaux en se déchaussant, longer une plaine de rizières en terrasse (malheureusement déjà récolté) sans trop de dénivelé, passer à côté de troupeaux de buffles, de porcs pour enfin arriver au village de Huay Bo ...

... pour enfin retrouver mon école !

Je me promène ensuite dans le village de Huay Bo … impossible de trouver plus pittoresque qu’ici !

Je continue dans le village et retrouve la guesthouse de Keo ! Il a passablement agrandi son restaurant et a créé de nouvelles chambres, toujours très rudimentaires. Je discute un moment avec lui et l’informe de mon intention d’aider l’école du village ! Il attendait ma venue …

Malheureusement aucune leçon n'est donné aujourd'hui, car le professeur est parti pour la journée dans la petite ville de Nong Khiaw ! De ce fait, je ne pourrai discuter avec le professeur que le lendemain ! Avant de reprendre le chemin du retour à pied, je conviens avec Keo qu’il vienne me chercher le lendemain matin en moto (pour éviter les 3h30 de marche aller-retour) à 10h00 et que nous retournerons au village pour une visite de l’école suivi d’une ’’séance’’ avec les 3 chefs du village, le professeur et Keo pour la traduction.

L'école aujourd'hui :

Aujourd’hui cette école, composée de 2 classes dont une seule est ’’équipée’’, compte 16 enfants de 6 à 8 ans. Un professeur est envoyé dans ce village depuis la capitale Ventiane. Ces enfants restent dans cette école pour un cycle de 3 ans à raison de l’école tous les matins. Ensuite, les enfants iront rejoindre une autre école située à 1h00 de marche … ça change de chez nous, pour 2 ans ! Puis ils iront encore durant 2 années à Muang Ngoi … 1h45 de marche avant de terminer leur scolarité obligatoire, de 3 ans de plus à Nong Khiaw. A Muang Ngoi et à Nong Khiaw, ils auront la possibilité de rester pour la semaine dans ce village et retourneront chez eux pour le week-end. Si les parents ont les moyens de financer des études, les enfants pourront alors suivre des études universitaires à Luang Prabang (1h45 de marche, 2h00 de bateau et 3 heures de bus … de Huay Bo) ou à Ventiane, la capitale du Laos (encore 10 heures de bus supplémentaires). Mais pour cela, les parents devront débourser 5'000 US$ par année scolaire … ! En sachant que le salaire moyen est de 100 à 150 US$ par mois, très peu d’enfants des villages éloignés arrivent à continuer leurs études … ils iront travailler dans les champs familiaux pour ensuite vendre leurs récoltes sur les marchés des villages voisins.

Le projet d'aide :

Mardi 8 décembre 2015, 10h30 … Keo vient me chercher en moto à Muang Ngoi et repartons directement en direction de Huay Bo. Le chemin d’accès en moto diffère légèrement de celui que j’ai fait à pied. Nous passons par-dessus un pont en bambou, traversons un petit village puis un ruisseau avant d’arriver 20 minutes plus tard devant l’école. J’en profite pour suivre la fin du cours, que le professeur donne aux 16 enfants présents et je prends quelques clichés. A la fin de la leçon, soit vers 11h30, le professeur relâche les enfants pour la journée et nous allons discuter à la guesthouse de Keo.

Les 3 chefs du village ne participeront pas à cette discussion. Je pose directement la question au professeur : De quoi avez-vous besoin ? … la réponse fuse … De remplacer les murs de l’école, de créer un plancher ou un sol, de mettre une porte afin d’éviter que les porcs et les poules n'entrent dans la classe pour y faire leurs besoins … d’avoir 10 nouveaux bancs d’école pour les élèves (8 pupitres actuels ont été offert par un couple d'allemand il y a quelques années), une table de professeur avec une chaise … ! Les murs plutôt en bois ou en béton ? En béton sur une certaine hauteur et bois en-dessus pour amener de la lumière à l'intérieur ! La toiture ? Pas besoin d’y toucher, elle est en assez bon état. Le professeur savait exactement ce qu'il voulait et ...  c’est exactement le but de mon projet ! Un énorme sourire se dessine sur mon visage ! Le professeur via l’interprète Keo me dit que le gouvernement laotien lui promet chaque année de rénover cette école mais qu’il ne fait jamais rien ! Il est très content si je pouvais les aider dans cette démarche.

Etant du métier de la construction et surtout dessinateur, deux trois coups de crayons sur une feuille et le projet est défini ! Nous retournons à l’école pour prendre les mesures afin de déterminer les quantités de matériaux … et grâce aux prix que Gabriel m’avaient indiqués la veille, je savais déjà que cela pouvait entrer dans mon budget et que le projet allait pouvoir être réalisé ! Keo me propose alors de contacter un ami à lui de Muang Ngoi qui construit des maisons. Cet ami pourra me confirmer exactement les quantités qu’il aura besoin pour la construction et le prix pour la main d’œuvre qu’il ne faudra pas oublier !

1h30 plus tard, nous nous retrouvons avec ce ’’contremaître’’ dans l’école et déterminons exactement ces besoins pour les travaux de construction. Il nous faudra : 600 briques, 3'000 kg de ciment, 1 m3 de sable, 1 m3 de gravier.

Le contremaître nous propose, pour la main d’œuvre de l’ensemble des travaux, de réaliser la totalité des travaux pour 6'000'000 de Kip (au Laos on est vite millionnaire puisque 1,20 CHF = 10'000 Kip), que nous arrivons facilement à descendre à 5'000'000 de Kip, soit environ 600 CHF pour une semaine de travail, qui au final en durera deux, pour tous les ouvriers.

Je propose à Keo de retourner à Muang Ngoi afin de discuter des prix des matériaux avec la petite échoppe de construction. Malheureusement, le propriétaire n’est pas présent cette après-midi. Il se trouve justement dans la petite ville de Nong Khiaw pour y acheter du matériel. Les matériaux de construction ne pouvant être achetés aujourd'hui, direction la menuiserie du village pour une demande de prix pour les 10 pupitres d’élèves, de la table et de la chaise du professeur, sans oublier la porte d’entrée de l’école … matériel que Keo et le professeur arrivent à marchander pour 5'000'000 Kip le tout ! C’est tout bon, c’est dans mon budget ! Large sourire du professeur … Si tout va bien, tout le mobilier sera prêt dans une semaine … ce que je doute car le menuisier aura passablement de job pour réaliser ces meubles !

Mercredi 9 décembre 2015 : Après avoir traversé le petit marché hebdomadaire local de Muang Ngoi, où les indigènes trouvent les articles principaux … dont des DVD de karaoké laotien (merci l’électricité … et la télévision) … je retrouve Keo à 8h00 dans l’échoppe dédiée à la construction. Avant ma venue, il a déjà discuté des quantités et des montants unitaires avec le propriétaire et le prof et voici la liste définitive du matériel que nous devons acheter :

400 briques

2'000 kg de ciment

1 m3 de sable

1 m3 de gravier

2 fers à béton de 12 mètres de longueur chacun

8 kg de gros clous en acier

4 kg de petits clous en acier

On monnaye le tout pour 6'600'000 Kip, y compris la livraison par camion le jour même, pour autant qu’il ne pleuve pas. Il n'y a pas de route pour accéder au village de Huay Bo, mais que des chemins terreux. Précédemment, le camion de livraison a déjà eu quelques soucis lorsque les chemins sont devenus boueux.

Juste après la tractation et le paiement cash du matériel, le professeur très ému me tend la main et me dit …

’’khop tchaï laï laï’’ … merci beaucoup !

Durant toute la fin de la matinée, la pluie s’est mise à tomber sur la région, rendant le transport du matériel impossible ce jour-là. Si tout va bien, le camion partira demain matin 10 décembre pour le village de Huay Bo.

Jeudi 10 décembre 2015 : Il a plu toute la nuit ! Mon espoir de monter dans le camion pour apporter le matériel dans le village ce matin est malheureusement inexistant ! Du fait qu’il n’y a pas grand-chose à faire à Muang Ngoi, mis à part les treks … et sous une pluie battante, bof … je décide de repartir de Muang Ngoi et de revenir ici dans une semaine. Quand je reviendrai à Huay Bo, l’école sera éventuellement déjà terminée ou en tout cas proche de l’être … et comme l’entrepreneur a toutes les cartes en main, il n’a pas plus besoin de moi pour les détails technique.

Je retourne à Luang Prabang et en début de soirée, je contacte quand même par téléphone Keo pour l’informer de mon départ de Muang Ngoi. Je lui demande quand même de commencer les travaux dès la réception des matériaux dans le village … et il m’informe que le camion est arrivé dans l’après-midi avec le matériel et que les travaux devraient débuter le lendemain matin  ! Fantastique …

Samedi 12 décembre 2015 : Durant la journée, je débute un petit shopping pour les enfants de l’école. L’idée est de leur apporter à chacun un petit sac d’école, au total 24 sacs dont environ 8 en réserve, avec quelques affaires d’école à l’intérieur et en plus avec quelques produits pour leur hygiène personnelle. Donc achat de 24 sets (2 grandes et 1 petite) de brosses à dents et 240 ’’portions’’ de shampoing. En fin d’après-midi, je recontacte Keo par téléphone et m’annonce que le village a travaillé non-stop aujourd’hui à l’école et que les travaux avancent très bien !

Lundi 14 décembre 2015 : Me voici maintenant à Muang Khouan au nord de Muang Ngoi. Cette après-midi est consacrée à l’achat des petits sacs d’école pour les enfants et à les remplir de matériel. Muang Khouan est un petit village situé à 3 heures de voiture de la frontière vietnamienne et à quelques heures supplémentaires de la frontière chinoise. Grâce à ces deux proximités, je trouve assez facilement le matériel nécessaire pour remplir les 24 sacs.

Chaque sac sera rempli avec : 2 cahiers, 1 boîte de 12 crayons de couleurs, 1 règle de 30 cm, 2 stylos bleus, 1 stylo rouge, 1 set de trois brosses à dents, 1 gros tube de pâte dentifrice, 1 savon et 10 ’’portions’’ de shampoing.

De plus 1 ballon de football, 1 ballon de volleyball et 5 cordes à sauter seront dédiés à l’école.

Mardi 15 décembre 2015 : Départ du bateau de Muang Khouan à 9h30 … et après 4h00 de navigation sur la rivière Nam Ou, me voici de retour à Muang Ngoi. Le temps de poser les bagages très encombrant dans ma chambre, de téléphoner à Keo pour l’informer de mon retour et pour qu’il vienne me chercher … et en l’attendant, une petite soupe aux nouilles de riz comme dîner … timing parfait ! Durant le trajet en moto, j’informe Keo que je ne resterai ici que pour 2 jours. Je suis tout impatient de voir où en est la construction ... et en arrivant … un très large sourire peut se lire sur mon visage !

La dalle en béton à une surface d’environ 65 m2. Deux murs longitudinaux de 1,0 mètre de hauteur ont été construits. Sur un côté longitudinal, la porte d’entrée sera installée. Au-dessus de ces deux murs et jusqu’à la charpente de la toiture, il est prévu d’installer des lattes en bois fixées diagonalement (et croisées) afin de laisser passer la lumière dans l’école au travers d’ouvertures de formes losanges. De part et d’autre du bâtiment, les deux murs seront construits jusqu’à la charpente de la toiture.

Comme une grande partie du matériel acheté est déjà été utilisée, nous faisons le point avec le contremaître sur le matériel manquant. Il nous faudra encore : 200 briques, 0,5 m3 de sable, 200 lattes en bois pour les fenêtres et 3 bidons de peinture. Par hasard, le patron de l’échoppe des matériaux de construction se trouve dans le village et nous lui commandons directement les briques et le sable manquant. Nous informons ce commerçant que l’argent pour ce matériel sera donné à Keo et qu’il paiera la marchandise lors de la livraison.

Le bois, quand à lui, sera acheté et livré depuis Nong Khiaw, de même que les bidons de peinture. Ces fournitures sont introuvables à Muang Ngoi.

Keo m’informe qu’une cérémonie sera organisée le lendemain par le villageois en mon attention afin de bénir l’école et pour me remercier de mon financement. Je lui demande de ne pas la faire trop tard et qu’il n’y a pas besoin d’organiser une grande cérémonie … Nous retournons en moto au village de Muang Ngoi et en repartant de là, Keo et un de ses amis embarquent sur leurs motos les deux énormes sacs remplis des cadeaux pour les enfants de l’école … cadeaux que l’on distribuera demain.

Mercredi 16 décembre 2015 : Une journée inoubliable … un jour magique

Keo vient me rechercher à 10h30. Comme les pupitres pour l’école n’ont pas encore été livrés à l’école, je lui demande d’aller voir leur fabrication à la menuiserie. Par contre, j’avais remarqué hier que la porte d’entrée de l’école et son cadre, fabriqués en bois de tek, avaient déjà été livrés à l’école. Nous arrivons donc à la menuiserie et pouvons voir que les 10 bancs sont terminés … ils sont même peint en rouge ! 8 putrides sont également prêts à être peint, le 9ème et le 10ème en cours de fabrication. La table du professeur est également bien avancée. Tous ces meubles seront, si le temps le permet, livrés demain ! Nous informons le menuisier que l’argent pour les meubles sera donné à Keo et qu’il paiera la facture lors de la livraison du matériel.

Nous repartons en direction du village et j’ai la chance d’assister ce matin aux leçons enseignées en anglais, que les élèves bénéficient tous les mercredis ! Durant la durée des travaux de construction, les élèves suivent les cours dans la 2ème classe de l’école, celle que le professeur n’a pas voulu reconstruire pour l’instant.

Après la dernière leçon … distribution des petits cadeaux aux élèves. Il est bien normal que quand on informe les habitants du village que des cadeaux vont être distribués aux enfants … une minute plus tard, tous les enfants du village arrivent à l’école en courant … représentant bien plus que les 24 sacs je j’avais prévus. Voyant les enfants arriver et sachant le nombre de sacs à distribuer, le professeur s’occupera de la distribution des petits sacs … quels moments magiques !

… et quel bonheur de les voir découvrir le contenu de leur sac !

Avant la cérémonie officielle, où un canard et une poule ont été sacrifiés pour l’occasion … et tués à côté de moi, Keo, le professeur et moi faisons le point financier et je donne le solde de l’argent nécessaire à Keo, environ 15 millions de Kip, pour qu’il puisse payer les différentes factures jusqu’à la fin du projet.

Je fais totalement confiance à Keo en lui donnant cette grosse somme d’argent avec comme témoin le professeur … et j’apprendrai également un peu plus tard que Keo (40 ans, marié et deux enfants de 12 et 16 ans) est le 2ème chef du village, donc très impliqué dans la vie villageoise. Une personne de confiance.

La cérémonie de remerciement

Tout se déroule dans l'école et dans un premier temps autour d’un autel bouddhiste que les villageois ont préparé … tout le monde étant assis sur des nattes à même le sol. Des offrandes se trouve sur l’autel, dont une poule cuite, un canard cuit, du riz (gluant au Laos), de la soupe, des petits paquets de nourriture et de fruits secs, des biscuits et un stupa décoré de fleurs avec à son point le plus haut une bougie et sur les côtés pleins de ficelles tissées de fils blancs …

Les écoliers, Keo, un doyen du village, mon amie Natasha qui était à mes côtés durant toute la durée de ce projet et moi-même entourant donc cet autel. Le doyen dirige la cérémonie, nous tous touchant l’autel avec deux doigts … et entame une prière …

… s’ensuit un long discours de remerciement du professeur, en laotien, où je comprends juste à maintes reprises le prénom de Peter (mon prénom ici – plus simple et plus international pour les laotiens que le prénom de Pierre) suivis par de très nombreux applaudissement d’environ 75 villageois … 

Natasha et moi recevons alors chacun un bol vide que les officiels s’empressent de remplir avec de la nourriture … avec leurs mains bien sûr très propres … en récitant quelques prières … moi ayant le privilège de recevoir … le cœur de la poule, un bout du cou, je pense que c’était aussi les intestins (ici tout ce mange) que j’ai reçu, une magnifique patte bien gonflé durant la cuisson avec bien entendu les ongles (vraiment très appétissant), un petit bout de blanc de poulet, du riz gluant et plein d’autres offrandes … et Keo de me dire : You can eat ! (tu peux manger) … suivi d’une phrase magique dans ces moments-là … if you want !!! (Si tu veux !!!).

Je vous jure que dans un instant pareil, la 2ème phrase a beaucoup plus d’importance que la première !

… le moment étant venu de nous remercier … tout le monde se précipite sur les ficelles et nous les nouent en bracelets autour de nos poignets tout en récitant quelques prières … ficelles nous rendant hommage pour notre action, ficelles nous remerciant de notre générosité, ficelles pour souhaiter amour, bonheur, chance, santé, prospérité et pour nous signifier la paix … GRAND MOMENT RICHE EN EMOTIONS !

… la cérémonie continue, pour ma part autour d’une table et le fameux Lao Lao fait son apparition … le Lao Lao ? Un véritable tord boyau … alcool de riz local qui doit chercher les 45° à 50° d’alcool … qui plus est a été distillé dans le village … et que tu bois cul sec tellement c’est ’’infecte’’ ! Lorsqu’il te descend dans le corps, tu le sens te désinfecter tous les ’’tubes’’ internes ! Il tue tous les microbes que tu as en toi … mais ce serait un vrai déshonneur de refuser de faire santé avec une personne autour de la table … donc pour chaque personne assise à la table officielle – nous devions être 12 personnes – petit verre cul sec avec chacune d’entre elles ! Santé ! La table des officiels comprenait les trois chefs du village dont justement Keo, le professeur, le contremaître, d’autres personnes et moi-même … J’observe et me rends compte que 3 bouteilles en Pet, initialement dédiées à de l’eau en bouteille, de 1,5 litres … chacune remplies de Lao Lao circulent autour de la table … et seront terminées peu de temps après …

… puis le repas arrive … petits plats par petits plats … d’abord le poulet que l’on a commencé avant, les paniers de sticky rice (riz gluant collant qui se mange froid – un délice), une soupe aux pommes de terre, du laap de poulet - un délicieux plat, spécialité culinaire laotienne composé de viande hachée de poulet mélangé avec de nombreuses épices, du laap non cuit – que je n’ai pas gouté car son aspect bizarre et l’impossibilité de trouver des toilettes dignes de ce nom dans un rayon de 1h45 à pieds, de la couenne ou de la peau de porc sauvage – bon appétit et le clou du repas … une assiette creuse pleine de sang … le sang du poulet et du canard égorgés ce matin … mélangé avec des épices … ! Comme nous ne sommes qu’obligé de mourir dans la vie … j’ai fait l’impasse sur passablement de plats, mais il est vrai que le laap de poulet et la soupe de ce repas furent vraiment excellents !

Environ 75 villageois étaient présents à cette cérémonie. Mis à part la table des officiels, dont nous étions assis sur les bancs scolaires, les autres participants étaient assis sur les nattes en paille qui recouvraient la nouvelle dalle en béton de l’école. Quelques anciens étaient également accroupis sur les nattes. Tous les hommes présents venaient vers moi afin de faire santé, un verre de Lao Lao à la main … mais j’en ai refusé passablement car cette boisson n’était pas trop à mon goût (pour être poli) et de plus on devait reprendre la ’’route’’ en moto en sens inverse et comme il a plu une bonne partie de la journée, les pistes sont devenues très boueuses et glissantes. Puis chants laotiens … et arrivée des caisses de Laobier, l’excellente bière laotienne en bouteilles de 0,60 litres … la fête devenait de plus en plus arrosée … mais c’est comme ça dans ces villages reculés de tout …

Durant cette cérémonie, Keo me passa quelques messages à l’oreille … comme quoi je pouvais revenir l’année prochaine pour construire la 2ème partie de l’école – ils aimeraient utiliser la 2ème partie de l’école et y créer un nouvelle classe afin d’éviter que les enfants de 9 et 10 ans ne doivent aller suivre les cours dans le village voisin – et un autre projet … que le village de Huay Bo aurait besoin de 2 citernes d’environ 8'000 litres chacune pour y stocker de l’eau ’’potable’’, car durant des journées pluvieuses, la couleur de l’eau provenant de la source est d’une couleur très brunâtre !

Ces deux citernes d’eaux pourraient être réalisées en béton, qui selon Keo couteraient environ 1'000 US$ la citerne … aucune promesse de ma part … mais, l’eau c’est quand même mon domaine d’activité professionnelle … !

Vers 16h30, nous saluons tous les villageois et repartons en moto pour le village de Muang Ngoi que nous quitterons le lendemain matin, mercredi 17 décembre 2015 !

Montants dépensés pour ce dernier projet :

Je suis parti avec 3'200 US$ en poche pour réaliser ce dernier projet. J'ai changé cette grosse somme d'argent en Kip laotien, en plusieurs fois, ce qui a fait un montant total de 26'127'000 Kip .. oui oui c'est bien juste ... 26 millions et quelques ... !

Lors de ma visite à l'orphelinat de Luang Prabang, 1'105'000 Kip (environ 130 US$) ont été dépensé pour l'achat de petits cadeaux destinés à environ 150 enfants de l'orphelinat Deak Kum Pa !

Le coût total des matériaux et de la main d'œuvre pour l'école de Huay Bo a été de

 23'572'000 Kip soit environ 2'900 US$ !

Le solde de l’argent que j’avais à disposition, 1'450'000 Kip, a lui été déposé dans la boîte ’’Tip & Donation Box’’ de l’école de Muang Ngoi. 

LE PETIT MOT QUE J'AI GRAVE SUR UN DES NOUVEAUX MURS DE L'ECOLE DE HUAY BO ...

L'école terminée

Lundi 4 janvier 2016

Après plusieurs jours ... je reçois l'email suivant d'une voyageuse francophone, Sandrine ...

Bonjour je m'appelle Sandrine,

Je vous envoie ce mail car je suis en voyage au laos et j'ai passé une nuit dans le village du nom de Ban Hoa Hdo et j'ai rencontré un homme qui tient une guesthouse du nom de Keo et il ma parlé de vous et de la donnation que vous avez fait au village pour la creation d'une école et il m'a demandé de vous envoyer un mail pour vous envoyer les photos de l'école qui est à 80% fini et que dans 2 à 3 semaines elle sera entièrement fini il reste juste la peinture aux murs et finir de boucher la toiture voila ☺

Il ne m'a pas fallut bien longtemps pour découvrir les photos de cette voyageuse que je ne connais pas :-) !

Je pense en recevoir d'autres d'ici la fin du mois de janvier !

... trop content du résultat !

Mardi 1er mars 2016

... je reçois l'email suivant d'un voyageur anglophone, Alex ...

I spent some time with Mr.Kee in Hoy Bo (what an amazing man! ). We visited the new school and took pictures for you! Mr.Kee really wanted you to see those pictures and he also thanks you again for  your help.

Cheers!
Alex

L'école est terminée, la peinture est appliquée, la porte est posée ! ... trop trop content du résultat ! 

Ainsi se termine mes 3 projets d’aide à des écoles … projets débutés en 2012 par la réalisation de mes expositions de photos dans le charmant village que j’habite au bord du lac de Morat, le village de Praz dans le Vully fribourgeois.

MERCI à tous les vignerons du village qui ont cru à mes projets et qui m’ont permis d’utiliser leurs caves pour exposer mes 50 clichés !

MERCI également à toutes les personnes et entreprises qui m’ont acheté des photos et des calendriers, calendriers également confectionnés pour financer mes projets.

MERCI pour les différents dons en espèce reçus tout au long de ces 4 dernières années, dons dédiés à ces projets.

MERCI aux nombreux intéressés et curieux qui se sont déplacés dans le Vully pour voir les expositions et aux nombreux messages d’encouragement et de félicitations reçus sur mon compte Facebook.

MERCI à vous tous et comme on le dit si bien dans ce merveilleux pays qu’est le Laos :

’’khop tchaï laï laï’’ … merci beaucoup !

Si j’ai d’autres projets en tête ? C’est clair ! Mais je ne sais pas pour l’instant si je vais les entreprendre tout de suite où attendre quelques années avant de les réaliser …

Lesquels sont-ils ?

Dans le désordre :

Aide aux porteurs de souffres du volcan du Kawa Ijen (Ile de Java en Indonésie)

Aide dans des écoles en Birmanie

Construction de la 2ème partie de l’école à Huay Bo au Laos

Construction de 2 citernes d’eau dans le village de Huay Bo au Laos

… les idées de projets ne manquent pas ...

Merci de m'avoir suivi durant la réalisation de mes rêves !

VIVRE SES RÊVES ET NON RÊVER SA VIE ...